Souterrain

Une plongée dans le vertige de l’internet, où une identité peut en cacher une autre… à l’infini. Une pièce d’anticipation imaginée en 2018 à la manière de la série britannique Black Mirror, dans laquelle Big Brother aurait pris le pouvoir au sein du Big Data.

L’action se passe en 2048, où le dérèglement climatique a provoqué une nouvelle ère glaciaire. Chacun doit rester confiné et ne peut, à de rares exceptions près, sortir de chez lui. Les rencontres et les contacts physiques sont devenus rarissimes. Reste un unique réseau social nommé Unidentity. Il est géré par La Licorne, une organisation politique qui a progressivement étendu son influence jusqu’à prendre le pouvoir sur toute la toile et instaurer ainsi un système de surveillance sans faille apparente. Sur Unidentity, il est interdit de mentir, d’avoir un pseudonyme ou de créer des avatars. C’est le règne de la transparence absolue.

Sur scène, trois corps, trois jeunes héros donnent à voir, dans une partition physique précise et chorégraphique, les codes de communication dictés par La Licorne. Ne connaissant rien d’autre, ils ne tarderont pas à se rebeller contre cette tyrannie et à inventer une insurrection souterraine …

Les contours de notre planète ont été explorés, défrichés, recensés, cartographiés. Aucun morceau de terre, de mer, de forêt, de glace, de désert n’a échappé au regard de l’Homme. La dernière inconnue reste encore l’Internet, réseau virtuel mondial influant pourtant sur nos vies réelles. Grâce à la mise en réseau de ce flux ininterrompu d’informations numériques, l’Homme a dupliqué l’infinité de l’Univers avec ses galaxies, constellations, trous noirs, planètes, mais il n’en a pas la maîtrise complète : la démographie de ce Nouveau Monde est impossible à recenser. En effet, en tant qu’utilisateurs, nous sommes plusieurs adresses mail, plusieurs identifiants, mots de passe, logins, profils, comptes, pseudos, avatars : un moi virtuel dédoublé à l’infini selon l’usage dont nous avons besoin. Cet espace multiple constitue donc le lieu même de l’autofiction.

Qui prend la parole sur la Toile ? Quelle est l’identité masquée que nous empruntons pour poster, commenter, suivre, publier, liker, partager ? Ce double nous donne-il plus de libertés ? Ou au contraire, est-il le vecteur d’une parole normée générant une pensée unique et répétitive ? Cette fragmentation de l’identité est-elle une façon de se définir, de trouver sa place, de laisser des traces ? Ou n’est-elle qu’une façon de camoufler notre perdition, notre malaise ?Ces voiles successifs posés sur notre identité nous autorisent-ils à nous déresponsabiliser de nos paroles et de nos actes?

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